Le Ciné-Club François Truffaut de l’Avallonnais

Le cinéma a beaucoup plus d’imagination que nous !

La nef des fous

les avis divergent

Publié par JEAN-PAUL ROMANSKI

Le mercredi 2 mai 2018

LA NEF DES FOUS – réalisateur Stanley Kramer - 1965

UN AVIS FAVORABLE (celui d’Irène Barbaro-Bonneau)
Ce film, LA NEF DES FOUS, titre éponyme du tableau de Jérôme Bosch, est un film en huis clos, choral, et fortement axé sur les dialogues.
Il montre une traversée de 26 jours, de Veracruz vers Brême, en 1933, sur un bateau dont l’équipage est essentiellement allemand.
Kramer brosse ici un tableau de la condition humaine sans concession et ne cherche pas à excuser les comportements mais juste nous les exposer.
Chaque personnage est emprisonné dans sa folie.
Plusieurs thèmes sont ainsi abordés :
La différence des classes sociales (les nantis qui voyagent en classe « luxe » et les pauvres qui sont parqués dans les ponts inférieurs ; à cette époque c’était chose courante sur ces bateaux de croisière, de transport de masse et de fret).
L’antisémitisme et l’eugénisme (Rieber, autrichien qui se veut plus allemand que tous et adhère aux idées nazies).
La désillusion (Dr Schumann qui pense que sa vocation de médecin n’a pas aboutie et cherche une sorte de rédemption en aidant la Contesa).
La solitude (Mary Treadwell qui finit par avouer sa peur de vieillir et de finir sa vie toute seule).
Le handicap (Gloken, un nain dont la famille se débarrasse en le faisant voyager et qui porte un regard acéré sur les voyageurs)
Le ridicule (ce couple qui mange à table avec son chien comme convive).
L’égoïsme (le peintre qui voudrait que sa compagne ne vive que pour lui).
L’américain inculte (Bill Tenny, texan frustre, champion de base ball raté mais riche).
L’addiction (la Condesa, noble espagnole expulsé de Veracruz)
La prostitution (cette troupe de danseurs espagnols dont le « père » agit en proxénète).
Ce bateau, qui dans certaines images, nous paraît immobile, nous montre simplement la perdition de tous ces personnages ; à la dernière scène ils quittent le bateau et vont chacun vers leur destin ; ils ne pourront pas y échapper.
Ce film qui a reçu pourtant deux Oscars n’a pas fait l’unanimité des critiques (par exemple B. Tavernier) mais mérite d’être vu afin de se faire sa propre opinion ; il existe en DVD.

UN AVIS FRANCHEMENT NEGATIF (celui de Ph. Berthe-Langereau)

Nous sommes partis à la moitié du film, choses rarissime !!

Ca m’a paru être (mais je ne suis jamais vraiment dans les créneaux) une
grossière "amerloquerie" avec tous ces nantis qui se regardent le nombril et qui exposent leurs petits tracas existentiels, ratés, artiste ou base-balleur, ridicules avec leur bouledogue, veuve acariâtre, médecin désabusé, ronfleur impénitent, nain mêle-tout et plein aux as, comtesse shootée etc... Finalement, où tout cela a-t-il mené à la fin ? L’intrigue s’arrête à ce ramassis d’Occidentaux fiévreux ?

Et puis le reste, avec des migrants (déjà) qui sont les seuls à se battre, évidemment, les pauvres ne savent pas se tenir. Et les clichés grossiers avec une espagnolade à la flamenco et le Pépé qui frappe les gosses et exploite les beautés ! Rien n’est épargné, décidément.

Enfin, le film qui a dû bien graisser la patte aux cigarettiers et cigariers de
tous poils : ça n’arrête pas de fumer !

Ah mais !